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Halcyon Days
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25 octobre 2009

Yuki

Une naissance qui émerge du néant, silencieuse et tranquille, patiente et paisible. Un développement qui gagne en puissance. Petite chose étrange issue de rien, sinon de la colère et de la haine de l’humanité. Mais curieusement, elle est une bonne chose. Voir le monde sans ouvrir les yeux. Le monde est ce que nous en faisons, pas ce que nous voyons. Je m’enferme dans mon « cosme ». Les yeux fermés. La musique dans les oreilles. Cela me peine d’avoir à les ouvrir pour écrire ces lignes. Sombre et puissant, sans être malveillant. Le côté obscur sans servir de mauvaises fins. On fait ce qu’on veut des choses. Le vide dans l’esprit ; concentré sur une espèce de sphère d’énergie, rouge, flottante. Le vide absolu autour, et la musique comme seule limitation physique, dessinant des contours clos. Voir la musique, en quelque sorte. Sensation de profondeur, extrêmement apaisante et revigorante. Je ne sens plus la fatigue d’il y a 5 minutes. Paix et calme intérieurs. La sérénité. La musique est mon moyen de transport vers ce lieu isolé à l’intérieur de moi. Tout le reste n’existe plus. Je suis à l’intérieur de mon propre être, prêt à ne plus en sortir. Cet égoïsme est-il condamnable ? Tellement d’énergie me parvient à travers ces sons. C’est étrange. Suis-je plus sensible à la musique que les autres ? L’air n’a plus de consistance ; il s’évapore et je ne respire plus. Ma tête, mon esprit, vole, flotte, guidé par quelque chose de mystérieux. Pourquoi ? Comment ? Je ne comprends pas ce qui se passe. Le temps défile, et mon corps s’oublie. Je l’oublie aussi. Je suis pur esprit, dans un milieu matériel, que je ne ressens plus. Le bruit des gens me dérange. C’est la fin. Mon estomac se manifeste toujours, mais cette fois-ci, je le sens. C’est que j’ai donc quitté cet endroit et cet état. Dommage. De nouveau place à la fatigue. Exaspérant. Je suis un observateur de la réalité, comme si ce n’était pas la mienne. Pas totalement détaché, mais c’est le sentiment que j’ai. C’était quelque chose de très plaisant. Tout m’importait peu ; je ne prêtais déjà plus attention à l’instant présent. Sans but, sans motif. J’étais complètement spectateur du temps et de l’espace. Tout se déroulait sous mes yeux sans que j’y portasse attention, que cela ne m’affecte d’une quelconque manière. Si l’on peut dire, j’ai eu, l’espace de ce moment, un regard neuf, neutre, sur le monde de l’instant. Je me sens bien, rien ne me tourmente. Je ne pense à rien, ni d’agréable ni de déplaisant, car rien que penser à y penser me blesse et me dérange. Pensées qui briseraient mon état d’esprit présent, lequel me procure une indicible légèreté d’âme, au voisinage de l’insouciance. Je pourrais rester ainsi une éternité. J’ai perdu la notion du temps, et l’idée de délimiter un temps précis, une durée, m’insupporte. Mon esprit a fait voler en éclats le domaine des limites, et s’offre une vision plus vaste, sans prétention aucune de délimitation. Oui, il s’offre une sorte d’infinité, d’univers, bien que ces mots aient encore pour eux des notions de « clos » et « limité ». Imperceptible sensation. Tant de violence et de calme à la fois. J’ai ruiné une partie de mes efforts en regardant l’heure ; j’ai redescendu un palier, sans savoir pour autant de quelle hauteur est cette différence d’élévation. C’est comme si l’instant présent durait encore et toujours, les choses bougeant, mais rien ne changeant. Difficile à retranscrire. La vie continue, mais le temps se fige, prend une pause. Mon attention toute entière est partagée entre cet « état », le carnet sur lequel j’écris, et la musique qui me sert de compagne. Elle-même perd ses notions temporelles. Il n’y a plus ni début ni fin à cette chanson. Il n’y a plus qu’une longue suite, pas même de répétition. Elle s’accommode bien de ce que je « vis » en ce moment, en cette éternité. Tout concept de limite m’apparaît utopique quel que soit le domaine. Les choses se mélangent, rien ne s’efface. Tout garde sa personnalité, mais abolit les frontières, partageant avec les autres choses, formant un tout, sans être une entité unique. Les mots infini et multiple, universel n’ont jamais eu autant ni aussi peu de sens qu’en cet instant. Ils expliquent bien mais pas assez, car trop limités dans le sens. C’est quelque chose de curieux, qui me donne envie de poursuivre indéfiniment. Je sais que quand je relirai ceci, mes réflexions paraîtront stupides. Mais peu importe. Je ne peux étrangement pas inclure dans le texte des superlatifs, ni des déterminants temporels et avenirs. J’ignore pourquoi. Je crois le comprendre, parfaitement d’ailleurs, mais comment l’expliquer ? Ce récit paraîtra absurde, construit entièrement, basé volontairement sur des paradoxes et des contradictions ; or, ce n’est pas le cas. Tout ceci est infiniment sincère, et je ne cherche pas les effets de style et de genre. Je note ce moment particulier ; si particulier. Pourquoi le faire partager ? Pourquoi pas ? Je m’en fiche. Dans ce moment, je suis le seul à exister. Les autres sont aussi vides que le néant. Il n’y a pas d’attention à porter à ce qui n’existe pas. Donc partager ou non est un faux choix, puisque cela ne changera rien. Dans ces conditions, l’idée même de « partage » est une illusion. Je placerai ceci quelque part, dans un espace indéterminé ; mais personne d’autre n’existant, ce ne sera pas du partage. Le monde n’en changera pas. Ça ne sera ni un hasard, ni un choix, ni une action. Je constaterai les faits quand ils arriveront. Il n’y a pas de décision à prendre, puisque le choix en question n’existe pas ; il est illusoire. Je ne peux pas non plus accepter des conséquences qui n’existent pas ; je suis seul, et ce qui est fait, est fait. Point. Comment parler de conséquences et de responsabilité ainsi ? il n’y a que moi, donc je suis nécessairement le seul à pouvoir faire les choses, et ces choses ne peuvent par définition n’avoir de répercutions que sur moi. Quelles répercutions pourraient bien se produire ? Il faudrait que quelque chose d’extérieur existe. C’est une sorte de nihilisme et d’absolutisme à la fois. Ce sont des jumeaux, pour ne pas dire la même chose. Le néant est absolu. Ils bannissent le principe de « limite » ; il n’y a donc pas de limite à l’un ni à l’autre, et s’embrassent dans la même existence, se fondent l’un dans l’autre. Je suis dans le même espace depuis toujours ; il n’y a pas non plus de limite, parler de « petit » ne rime à rien, donc. Cet endroit est mon univers ; infini. Qu’importe qu’il paraisse petit. Quand les autres existeront de nouveau, si cela se produit, ils trouveront cela confiné. A peine un couloir. Pourtant, je le trouve gigantesque. Mon esprit ne perçoit rien. Cet espace seul est l’univers. Je m’apprête à le quitter, et retourner vers le monde des limites et du fini. Un adieu éternel à cette bulle absolue, aspatiale et atemporelle. Ma vie n’a ni début, ni fin ; et jamais je ne suis venu ; jamais je n’ai disparu. Je t’aime. Pour toujours Depuis toujours L’espace de « cet » instant. Rien n’a de nom ici ; le bruit n’existe pas, en dehors de cette musique. Le sens des mots me parvient, mais je m’en fiche ; je le laisse s’échapper. Ils ont pour moi, désormais, un autre sens. Ils sont mon monde ; ils sont mêlés dans ces sons qui m’accompagnent. Ce qu’ils racontent m’importe peu, ce qu’ils expriment, critiquent est dénué de sens, et je leur construis une signification propre à mes yeux, même si « cœur » serait plus à propos. Ce moment est si indescriptible que je ne saurais dire ce que je ressens actuellement. Ce récit montre assez bien, toutefois, l’aperçu qu’on peut se faire : la temporalité est chaotique, passé, présent, futur, dans n’importe quel sens. Ce passage arrive après la « fin » ; preuve que « cela » est absolu, et n’a ni début ni fin. De l’extase à l’état pur, peut-être.
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